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Chanteuse en construction

Réflexions d'une chanteuse parfois lyrique, parfois chansonnière, souvent sur la route, toujours curieuse.

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  • Photo du rédacteurRose Naggar-Tremblay

231jours

Dernière mise à jour : 11 avr. 2020


Ça sent la rentrée.

Les agendas, cartables et stylos remplissent les étalages des grands magasins. Il y a une odeur de neuf dans l’air, et un air de nouveau départ sur les visages. Toutes les raisons sont bonnes pour se réunir entre amis et goûter à l’été une dernière fois avant de se replonger dans les grandes études.

J’adore la rentrée.

Au même moment l’an dernier, j’avais un plan bien précis en tête. Faire la tournée des auditions pour les résidences artistiques canadiennes, simplement pour me faire une idée de comment ça fonctionne, et poursuivre mes études à McGill. Évidemment, une partie de moi espérait que ces auditions allaient changer ma vie, et m’ouvrir les portes de la carrière dont je rêve depuis plus de dix ans. Mais peut-on vraiment y croire? On a beau dédier tout son temps et son énergie à se préparer dans un but précis, c’est justement au moment où l’on peut presque le toucher du bout des doigts qu’il nous semble le plus inatteignable.

Et voilà que pour la première fois depuis 20 ans, je ne rentre pas à l’école.

Quel vertige!

Tout ce que je connais se trouve derrière moi. Les rituels rassurants, les prix étudiants, l’odeur des cahiers neufs. Et devant moi?

231 jours.

231 jours employée par l’une des plus grandes maisons d’Opéra au Canada. Celle-là même où, 10 ans plus tôt, j’ai pris la folle décision de consacrer ma vie à l’art lyrique après avoir vu la Flûte enchantée lors d’une générale ouverte aux étudiants.

Je me rappelle avoir fait une chose un peu étrange après la représentation. Parmi les applaudissements et les bravos, j’ai laissé s’échapper quelques notes sans y penser. C’était plus fort que moi, comme s’il fallait que ma voix s’essaie à remplir cet espace mythique, grand temple de l’art lyrique. Je me suis tout de suite tue, regardant nerveusement de tous les côtés pour voir si quelqu’un s’en était aperçu, mais le souvenir de ces quelques notes volées m’a accompagné tout au long de mon cheminement. L’an dernier lorsque j’ai chanté sur les planches de Wilfrid Pelletier pour la finale des auditions nationales de l’Opéra de Montréal, j’avais le cœur rempli d’émotion en songeant à la jeune adolescente que j’étais quand j’ai décidé fermement : un jour, ce sera à mon tour de chanter ici.

Quand j’ai reçu un courriel de la directrice de l’Atelier lyrique, Chantal Lambert, m’annonçant que j’avais été sélectionnée pour être l’une des artistes en résidence, j’ai dû le lire et relire plusieurs fois avant d’y croire. Même après l’avoir annoncé à ma famille, je me surprenais à douter : est-ce que ça peut réellement être vrai?

231 jours, pour apprendre des plus grands. 231 jours pour me faire ma place. 231 jours où mon rêve devient ma réalité.


Better make it count!

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