Les 231 jours de ma première année de contrat à l'Atelier lyrique sont passés à une vitesse folle. Tout était grandiose, époustouflant, essoufflant aussi parfois. Dans mon désir de tirer profit au maximum de mon expérience, je me suis coincée dans une course contre la montre, un compte à rebours intransigeant. ''Faire ma place'', ''make it'', ''avoir LA carrière'', et tout ça dans un lapse de temps bien défini.

La chanteuse que je veux devenir sera la somme de mes rencontres, de mes découvertes, de mes réussites et de mes échecs. Elle n'est pas un objectif défini, mais plutôt un état d'esprit, un chemin emprunté: observer le monde, et le dire avec toute la sincérité dont je serai capable.

L'automne prochain je ne serai pas associée à une institution d'enseignement de la musique pour la première fois depuis près de 20 ans. La première année sans la présence rassurante d'une équipe autour de moi qui légitimise mon parcours.

Ça me fait peur. Ça me terrorise en fait, mais je ne suis pas arrivée où j'en suis sans relever mon lot de défis. Je suis heureuse dans ce que je fais quand mon cœur et ma tête sont en état de disponibilité et de croissance.

Je suis une chanteuse en construction, une artiste en chantier, une femme qui chemine, et je compte le rester longtemps.